En 2022, j’ai créé mon tout dernier logo. Une page s’est tournée doucement, sans fracas, mais avec une vraie prise de conscience.
Je suis pourtant graphiste de formation. J’ai étudié le design graphique et la communication pendant trois ans et j’ai conçu des logos, cartes de visite, flyers etc. pendant des années. J’aimais ça. J’aimais composer, chercher des idées, expérimenter les formes et les couleurs… Alors pourquoi avoir tout arrêté ?
Un plaisir qui n’en était plus un.
Avec le temps, ce qui était un plaisir est devenu une source de frustration.
Créer une identité visuelle, c’est un exercice très subjectif. En école de design, on nous apprend à concevoir plusieurs pistes créatives, à défendre nos idées, à affiner notre concept préféré. Dans la réalité c’est le client qui choisit, et il ne choisit presque jamais la proposition qu’on préfère. 🥲 Je ne compte plus le nombre de fois où le client m’a sorti “J’aime beaucoup cette piste, mais ma femme préfère le bleu. Tu peux changer la couleur ?” 🤯
C’est l’année 2020 qui a été un électrochoc par rapport à cela. Juste avant le confinement j’ai signé un projet qui s’annonçait inspirant dans un secteur d’activité que j’apprécie beaucoup. Du pain béni pour la période qui s’annonçait ! Au final la cliente n’a jamais pu se décider sur ses choix de pistes, elle se fiait à l’avis des autres, toujours contraire à mes conseils. La collaboration s’est arrêtée prématurément par un “tu ne sauras jamais sortir ce que j’ai en tête” de la cliente (sympa, oui). Au revoir le super projet, (mon amour propre) et surtout je me rends compte que j’avais surtout hâte de faire le site internet après et que c’est cette perte qui m’a le plus déçue.
De la frustration à la lassitude
À force, j’ai commencé à ressentir une certaine lassitude. J’ai eu de nombreuses fois l’impression que ce que je proposais n’était pas à la hauteur : comme de nombreuses personnes j’ai ce syndrome de l’imposteur en fond qui m’envoie quelques signaux de temps en temps.
J’éprouvais de la déception quand je signais avec un client qui ne voulait pas de site internet. Le reste m’apparaissait comme une étape obligatoire pour avoir la récompense du site internet ensuite.
Je sentais que le web c’était LE sujet vers lequel je pouvais m’améliorer, grandir et m’épanouir. Lorsque le client venait avec une identité visuelle déjà établie, j’étais bien plus inspirée et mon travail s’en ressentait.
J’ai suivi ce qui m’anime vraiment

Ce que j’aime profondément, c’est le web.
Créer des sites sur-mesure, penser l’expérience utilisateur, soigner le design dans un contexte fonctionnel, structurer une arborescence, optimiser pour le référencement naturel, apprendre de nouveaux codes et nouvelles technologies… Le web, c’est un mélange de stratégie, de créativité et de technique. Et ça me passionne !
J’ai donc fait le choix de me spécialiser à fond, de pousser cette expertise dans toutes ses dimensions :
- UX et UI design
- Intégration web
- SEO
- Accessibilité
- WordPress
Le web demande une veille constante en design et technique, une vraie curiosité, de l’adaptabilité… et c’est ce qui me fait vibrer.
Et maintenant ?
Je ne suis plus “graphiste”, en tous cas plus au sens large du terme, mais tout ce que j’ai appris dans ce métier me sert encore au quotidien. Je me qualifie plutôt de webdesigner, designer UX/UI, intégratrice, webmaster… Ou plus simplement créatrice de sites internet.
Je travaille davantage en équipe avec des graphistes qui eux préfèrent s’occuper des identités visuelles et du print, et cela me donne l’impression de fournir un travail de meilleure qualité.
Je conçois aujourd’hui des sites web fonctionnels, esthétiques et stratégiques. Des sites qui répondent à de vrais besoins. Et surtout, je suis alignée avec ce que je fais et avec mes envies.
Alors non, je n’ai pas vraiment quitté le design. Je l’ai simplement redirigé vers ce qui me ressemble le plus pour continuer à faire le métier qui me plait.